Saint-Romain Le Puy
Un peu d’histoire
Il y a tellement longtemps…
Les bassins du Forez et du Roannais, où coule la Loire, sont de grands fossés de subsidence, progressivement effondrés et aussi progressivement comblés de sédiments continentaux épais. Le bassin du Forez a persisté jusqu’à la fin du Miocène (15 Millions d’années environs). Ce comblement plus lent a laissé de très nombreux marais où l’homme a créé des étangs. En effet, l’eau s’est accumulée dans la plaine jusqu’à ce que la Loire ne force le verrou de Roanne (trou de Pinay). La légende veut que le Puy de Saint-Romain (le pic) comporte un anneau (boucle de fer) pour l’attache des bateaux sur ce grand lac forézien. Notre région fut habitée de très longue date par des peuplades, peut-être Ligures et autres Ibères dont nous ne savons pas grand- chose.
Alors que Rome n’était pas encore née, les Celtes prennent le contrôle, vers le VII siècle avant Jésus-Christ, de presque toute l’Europe occidentale. C’est avec les Ségusiaves peuple gaulois d’origine Celte que commence vraiment l’histoire de notre région…
Issu des Eduens, ce peuple de commerçants est établi entre Loire et Rhône. Sa capitale était l’actuel Feurs, nommée plus tard sous la domination romaine le « Forum Segusiavorum » et non pas l’antique Lugdunum (Lyon) fondée bien après sous l’Empereur Auguste. Ce peuple commerçant donc, qui fit de l’oppidum d’Essalois un lieu d’échange mais aussi guerrier, s’était rallié à l’armée de Vercingétorix contre l’envahisseur romain.
Les Ségusiaves, ont entretenu une relation privilégiée avec les Phéniciens. La route de l’étain (Loire-Rhône) a été l’unique voie d’approvisionnement en minerai d’étain pendant
l’âge du bronze…
De dimensions modestes mais tout à fait remarquable par sa situation géographique, le territoire se trouve sur la ligne de partage des eaux entre l‘Atlantique et la Méditerranée, là où les deux vallées fluviales de la Loire et du Rhône sont les plus rapprochées, distantes d’à peine une journée de marche par la vallée du Gier. Les Monts du Beaujolais et du Lyonnais, un massif montagneux atteignant tout juste mille mètres forment avec la plaine du Forez, l’essentiel du territoire ségusiav.
Le haut Moyen Age
Sous la domination de Rome, le Pagus Forensis (Pays des Foréziens, autrement dit « sticto-sensu » le pays des habitants de Feurs) compris dans la province de la Gaule Lyonnaise devient florissant. Le Forez est en effet situé sur une voie de communication importante. Il est traversé par la voie Bollène entre Lyon et Bordeaux et par la route entre Vienne et Clermont. Feurs est alors une étape importante sur la route de l’étain.Cette période d’abondance se perpétua jusqu’au milieu du IIIe siècle. A cette époque la crise déchire l’Empire et plonge le Forez dans une sombre période. Il est ensuite envahi, à partir de 270 par les Francs et les Alamans. La première trace des comtes du Forez apparaît avec Guillaume vers 921. La démolition des murailles du château est ordonnée par Louis XIII en 1633 une ordonnance de Richelieu stipule la décadence du Prieuré et son abandon.
Les Romains qui avaient apporté la civilisation allaient aussi livrer le Forez à la débauche. Un demi-siècle avait suffi pour transformer le pays. De Celtique, il était devenu Romain, de sauvage, il s’était retrouvé policé. Ce vaillant peuple se laissa aller à la facilité, à la frivolité, à l’ivrognerie… Les Romains applaudissaient à cette décadence. On ne sait rien de ce que devint le Forez pendant le haut Moyen Age sinon qu’il a survécu aux invasions des IIIe et IVe siècles.
La première dynastie des Comtes du Forez, apparut en 870, fondée par Guillaume 1er. Le site de St Romain était un temple païen
Les nombreuses découvertes archéologiques effectuées à Chézieu à 2 km au nord de St Romain montrent l’existence d’un village antique situé à l’embranchement de la voie. Le village voisin de Moingt sur la voie Bollène était alors prospère et connu sous le nom d’Aquae Segetae, les » eaux de Cérès » (en l’honneur de la déesse Romaine des moissons).
Sur la butte de St Romain le Puy, située sur la voie secondaire (qui part du pont de St Rambert jusqu’à la voie Bollène à Moingt), la découverte des restes de colonnes et de tuiles en réemploi atteste que durant ces périodes un temple païen a du précéder l’édifice chrétien. Comme au mont Anis, une pierre sacrée d’origine celtique était située sur la hauteur (c’était une pierre percée en forme d’auge, à ouverture circulaire, dont l’avocat Grangeon de Montbrison raconte que l’on y déposait les enfants chétifs pour les faire vivre).
La présence de l’influence Celtique est confirmée par l’existence de nombreuses sculptures externes au Prieuré qui avaient déjà été utilisées à l’extérieur des sanctuaires celtiques de Provence (svastika, taureau bondissant…)
Jusqu’à la construction de l’église par BOSCHITALEUS (Bouchetal) en 983 les Druides avaient choisis ce site pour leurs pratiques mystérieuses.
Dans la moitié du IVème siècle le grand Thaumaturge des gaules St Martin de Tours fonda au sommet du monticule une modeste chapelle en remplacement du temple païen. Cette chapelle ne tarda pas à devenir un centre de dévotion et prépara la construction d’un village dont le nom ancien est inconnu.
Dès les origines les comtes se disputent la souveraineté du Lyonnais avec les archevêques. Les comtes résident à Feurs, capitale primitive du pagus. Ils sont assistés d’un vicomte, fonction non héréditaire, qui est leur représentant sur toute la juridiction.
L’église fut fondée entre 980 et 983 par Bouchitaleus Miles (Bouchet al) sous le règne de Conrad le Pacifique (937-983) roi de Bourgogne.En 984 Bouchitaleus Miles fit don de l’église à l’Abbaye d’Ainay (Lyon) qui désigna ALDEBERTUS comme 1ER Prieur et fit construire le monastère conventuel et le château (1007). Dès lors l’ensemble abritera jusqu’à 10 moines. L’église de Bouchetal devenue insuffisante, le prieur fit édifier au bas du pic de St Romain, à la place où elle est encore aujourd’hui, une nouvelle église (St Martin). L’église de Bouchetal sera modifiée pour devenir une église prieurale qui ne sera terminée qu’en 1017. La nouvelle basilique fut dédiée à St Romain, martyr d’Antioche, dont les reliques durent reposer dans la crypte.
Ce n’est donc que vers 1017 que le nom de St Romain le Puy apparut, après la construction de l’église actuelle du village (St Martin) et de l’église Prieurale (St Romain). C’est ainsi que l’on appela le monastère et le village : on y ajouta le nom Puy pour le distinguer des autres paroisses de la même province (Puy = montagne). Bollène et d’une voie secondaire.
De par sa situation, le château était une place importante, et faisait partie d’un groupe de places fortes pour lesquelles Guigues II rendit l’hommage à Louis VII. En 1173 l’archevêque de Lyon céda les lieux au comte du Forez Guy II, son fils Guy IV donna ensuite le Prieuré aux religieuses de St Thomas en Forez en 1218.
La peste de 1348, surnommé peste noire à cause de la gravité, ne laissa que trois (3) habitants dans le bourg de St Romain. La guerre contre les Anglais (guerre de cent ans) nécessita la construction de la seconde enceinte qui, subira plus tard les coups des Routiers de Villandro en 1431.
Au XVème siècle) le prieur Jacques de Bouthéon entreprit divers travaux complémentaires et essaya en 1488 de restituer l’histoire à travers les actes primitifs de l’église en sa possession.La Décadence du Prieuré
En 1666, le prieur disparaît et l’église n’est plus desservie que par un chapelain
dépendant de l’Abbaye d’Ainay
Enfin en 1684, l’abbaye d’Ainay est sécularisée, ce qui entraine des procès sans nombre et le Prieuré s’avère bientôt inhabitable
1789 Le prieuré est vendu comme bien National.
1899 Le Prieuré est classé monument Historique.